Salem…
Le départ avait été plus dur que prévu. L’angoisse du voyage, les responsabilités envers la communauté et les ouvriers, sa fille,… Quoi de plus terrifiant pour un père que le fait d’entraîner son enfant dans un voyage auquel ils n’étaient pas sûrs de survivre ?
Plus l’instant critique se rapprochait, et plus les tripes de Kryss se nouaient. L’incertitude, le remord, et surtout le fait de devoir masquer ses sentiments de peur que les autres les mettent à jour. C’est pour ça que malgré le fait qu’il ait prévenu tout le monde de leur départ, il n’avait pas donné l’instant précis.
Mais ça n’a pas empêché qu’ils croisent du monde en partant. Kay, venue l’embrasser et lui souhaiter bonne chance, Mandrin, présent mais détournant le regard la larme à l’œil, Kalvin, comme à son habitude toujours planté devant la porte avec son regard de jeune chiot larmoyant, Jésus, sur le perron du temple, Andrew et Tinette devant l’infirmerie… et tous ces gens les regardaient partir. Le plus dur fut de franchir les portes et de ne pas aller se cacher au fond d’un trou pour éviter tous ces regards.
Et même une fois la porte franchie, Kryss confia Dynamo à Zorg et lui prit son arc. Il banda l’arc tout le long du trajet, jusqu’à avoir de lourdes crampes dans tous les muscles du corps. Et c’est d’un commun accord que tous trois firent halte au sommet de la dune surplombant Salem par le sud. Ils commencèrent à rechercher des arbustes qui pourraient servir de plantes médicinales,… en vain. Zorg et Kryss savaient très bien qu’il allaient passer la nuit là sans dormir, à contempler une dernière fois avant leur départ les murs de cette communauté religieuse qu’ils avaient édifiée depuis le début, avec des compagnons qui pour la plus part étaient morts ou partis à présent.
Quand le soleil fut levé et que Dynamo fut réveillée, ils tournèrent tous deux les dos à la ville et dirent d’un bel accord : « Viens, petite, on mangera en route ! ».
Depuis ils laissent les empreintes de leurs chaussures sur le sable du désert…