Gencives

Lorsque Lise arriva pour le déjeuner, la plupart des salemiens étaient déjà attablés, certains avaient même presque fini leur repas. La jeune femme rejoignit Eva et Alarielle a leur table, et cala contre son torse Jeanne, qui commençait à tenir sa tête toute seule.

Jeanne regardait autour d'elle, ouvrant ses grands yeux encore indécis sur ce qui l'entourait. Elle voyait des visages. Elle en connaissait certains et son regard s'arrêtait longuement sur eux, les fixant avec une telle intensité que la personne dévisagée se détournait parfois, gêné.

Ses cils avaient poussé et formaient une jolie frange qui accentuait la profondeur de ce regard innocent.

Soudain, Jeanne s'agita légèrement. Lise resserra sa main sur le ventre de son bébé dans un geste qui lui était maintenant naturel, pour l'empêcher de glisser.

Jeanne tendait ses bras de façon malhabile vers Jiod, qui approchait de la table. Le pré-adolescent s'arrêta à leur table pour parler avec Alarielle.

Jeanne n'écoutait pas les fanfaronnades du jeune garçon. Elle était fascinée par le mouvement de la fronde avec laquelle jouait Jiod. Il tirait sur l'élastique qui se tendait et repartait dans le sens contraire.

Le bébé suivait chaque mouvement avec un étonnement renouvelé dès que l'élastique filait à toute vitesse vers le bout de bois.

Quand l'élastique vint frapper les doigts de Jiod, et que le garçon interrompit ses paroles pour pousser un cri de douleur, il se passa quelque chose dont personne, ne se rendit compte au départ.

Les lèvres de Jeanne s'écartèrent, découvrant sa bouche toute rose, et se relevèrent. Un gloussement s'échappa du fond de sa gorge.

Pour la première fois, Jeanne souriait et riait, à pleines gencives !

Eva qui était toujours émue par la frimousse de Jeanne, fut ravie de voir Lise et Jeanne arriver. Ele était vraiment trop belle
Et sa manière de regarder chaque mouvement de chaque personne.

Mais Jeanne semblait fixer plus particulièrement Jiod qui arrivait. Elle fit une mimique toute mignonne qui ressemblait à un rire de bébé. C'est vraiment trognon et fit sourire Eva ...
Que c'est joli un bébé...

- Aieuh! Raah!

Jiod se pencha sur Jeanne comme tout les presents a la table.

-Eh mais! Elle se fiche de moi!

Tout le monde rigola au grand plaisir du bébé.

-Quand est ce qu'elle pourra parler que je puisse l'enguirlender? C'est vrai je suis plus grand qu'elle alors j'aurais le droit!

Elle peut devenir tres tres grande tu sais ...Thor il est plus vieux que moi,mais je vraiment pas envie de me battre avec lui,ooh que non.

Alarielle écoutait Jiod avec attention, rassurée de voir que son visage ne portait pas les marques d'un désespoir profond.

Le cri de Jiod la fit sursauter, inquiète de voir les doigts du garçon virer au rouge et gonfler, elle n'aperçut pas d'abord le sourire puis le rire du bébé. C'est béat d'Eva qui attira son attention, la jeune fille regarda alors autour d'elle et aperçut cette petite merveille.

-Jiod, comment peux tu vouloir l'enguilander, alors qu'elle est si mignone quand elle rit...

Tenrolf s'approcha du petit groupe avec sa pinte de bière à la main. Il donna un petit coup gentil sur la tête de Jiod.
"Fais gaffe fiston, tu va finir par laisser tes doigts avec un truc comme ça!"

Puis il regarda le bébé qui semblait sourire de toutes ses gencives.

"Quant à l'enguilander, ça risque de pas être si facile que ça. Quand on voit le caractère des parents, je doute qu'elle se laisse faire!"

-Bah oui! Faudra bien que quelqu'un la surveille, elle fera plein de betise comme ca je pourrais la taquiner!

Jiod passa son doigt sous le menton du bébé en le regardant attentivement.

- C'est marrant quand meme...

Glenn Hughes (non, vous ne rêvez pas) fît son entrée dans le réfectoire, matant par dessous sa casquette en cuir (avec un aigle) les gens attablés là.

-'tain, personne que je connais... hum hum, bonjour bonjour, salut, bonjour, ça va ?, c'est où qu'on se sert ?, ah oui, merci, salut...

Apercevant le petit rassemblement autour de la mère et de son enfant :

- Oh, ben la vlà la ptite merveille dont tout le monde parle ?

S'approche du visage du bébé :

- Ah ben oui... l'est pas bien gros. Ah c'est une fille ? Hé ben... hé hé, c'est ma moustache que tu regardes ? Elle est belle hein ? Tu veux la tou... OUAÏE !!! Hey !!! Ben aidez-moi à la décrocher au lieu de vous bidonner !

Ne bouge pas autant Glenn, elle risque de tomber des bras de sa mère. Ne t'inquiète pas elle va te lacher bientôt

*Lise était à la fois occupée à retenir Jeanne qui tirait de toutes ses petites forces sur la magnifique moustache et ses larmes de rire qui perlaient à ses yeux tant la situation était cocasse. Après l'émerveillement face à une Jeanne souriante pour la première fois, venait le fou rire face à un nouveau venu piégé pour la première fois par les petites mains avides de préhension. Mais bon, il fallait bien que ça arrive de temps en temps ! Surtout que maintenant Lise avait pris le coup de main pour enlever ses longs cheveux de la portée de l'enfant.

Entre deux rires, elle réussit toutefois à desserrer les petits doigts avec toute la dextérité de celle qui s'est déjà souvent fait avoir... Et toujours les larmes aux yeux, elle gronda gentiment Jeanne... sans aucune conviction !*

Tenrolf sourit très largement en voyant ce qui se passait. Il s'adressa à Glenn une fois que Jeanne aut abandonné sa moustache.

"Viens, je t'offre un verre. Tu seras bien plus en sécurité à siroter quelque chose qu'à proximité de cette petite merveille. Sous ses dehors angéliques je suis sûr qu'elle serait capable de massacrer dix dragons noirs. Je pense qu'elle est la nouvelle arme secrète de Salem, sélectionnée biologiquement pour avoir la hargne, la ténacité et l'humeur de ses parents. Si tu les connais tu sais qu'il vaut mieux pas embêter le bébé."

Tenrolf fit un sourire à Jiod après cette remarque avant de chercher à se servir un nouveau verre.

Mais Jeanne tendait les bras vers les formidables moustaches noires, rêches qui lui chatouillaient le creux des mains quand son propriétaire bougeait la tête.

Sa mère maintenait fermement ses deux menottes, empêchant toute action.

Alors Jeanne untilisant sa seule arme.

Sa bouche s'incurva vers le bas dans une moue déçue, son menton trembla, son visage devint rouge.

Elle ouvrit la bouche et libéra un cri strident et prolongé qui parvint à faire cesser d'un coup toutes les conversations dans la cantine.

Les regards se tournaient vers la pauvre pitchoune qui paraissait bien malheureuse.

Lise sentit les regards interrogatifs pour les uns, impatients ou répprobateurs pour les autres, qui se posaient sur elle. Il était clair que, pour tout le monde, son devoir était de la faire taire.

Eva entra timidement dans la pièce, plus par curiosité qu'autre chose... Elle n'avait pas connaissance de ce qu'etait un bébé, elle n'en avait jamais vu auparavant....
Elle passa donc la tête dimidement au dessus du berceau et regarda avec des grands yeux la petite fille...

Merci pour la bière Tenrolf, c'est pas de refus !

En agitant les doigts en direction de la petite boule de chair rouge et hurlante (mais à distance prudente) :

Gouzi gouzi ! (mais qu'est-ce-que je raconte moi ? ) T'auras le droit d'y retoucher quand t'auras appris à te servir de tes mains la terreur !

Et saisissant sa chope d'une main tout en lissant son magnifique ornement pileux (sa moustache quoi) de l'autre :

Aaaaah... Une bière ! C'est le paradis !

Les pleurs de Jeanne firent mal au coeur même si elle savait que les bébés pleuraient souvent

-Mais laisser là jouer, ce n'est pas si terrible que ca et ca lui faisait une tellment beau rire
C'est pas grand chose et c'est mieux quand elle sourit

Contrainte et forcée, mais à regret, Lise emmena Jeanne à l'extérieur de la cantine histoire de préserver quelque peu l'ouïe des Salémiens... Elle s'agit sur le banc à côté de l'entrée et commença à bercer sa fille en lui parlant doucement et en lui faisant des gros poutons dans l'espoir qu'elle se calme. En désespoir de cause, elle prit une mèche de cheveux et se mit à chatouiller le visage du poupon ce qui provoquait parfois des gloussements curieux mais ravis... En serait-il de même aujourd'hui ?

Eva sortit aussi de la cantine et alla rejoindre Lise et Jeanne. Elle s'assit à coté d'elles et les regarda. Elles étaient si belles, c'est si joli à voir. C'était vraiment d'une rare beauté dans ce monde et cela faisait plaisir, et ne pouvait que remonter le morale.
C'était vraiment touchant de les voir toute les deux, Lise si attentionnée et aimante et Jeanne si belle, fragile, insouciente, heureuse

Eva restait là un peu bête sans rien dire et sans bouger à les contempler...

Ravie d'avoir toute l'attention de sa mère, Jeanne suivit avec des yeux fascinés la mèche de cheveux de Lise.

Elle poussait de petits cris ravis quand celle-ci se rapprochait, puis prenait un air déçu dès qu'elle s'éloignait.

Les mouvements désordonnés de ses mains montraient qu'elle aurait bien aimé attraper ce pinceau improvisé.

En tout cas, elle ne pleurait plus...

Jiod etait sorti discretement derriere Eva.

-Lise? C'est normal qu'elle est pas de dents Jeanne? parceque c'est pas facil de manger sans dent!

Lise sourit... C'est fou le nombre de question naïve qu'on lui posait en ce moment... Le plus étonnant d'ailleurs c'est qu'en général elle avait la réponse !

- Oui Jiod Elle ne mange pas encore des trucs solides, elle est trop petite. Elle ne boit que du lait pour le moment... Comme les poulains quand ils têtent leur maman. Alors les dents ça ne lui sert à rien ! Et c'est même beaucoup plus prudent

Hell Haine s'approcha pour la première fois de Jeanne depuis qu'elle avait assisté à la naissance. Cette chose dont tout le monde parlait, elle avait enfin décidé de l'approchait. Arrivé à deux metres, elle vit Lise et Jiod qui discutait tandis que Lise tenait le bébé.

-Salut à vous, comment va Jeanne? dit Hell Haine, en se rapprochant pour voir le visage du bébé.

Le visage d'Hell Haine se décomposa en une fraction de seconde tandis qu'elle commencait à se tenir la tête de douleur. Elle recula de quelques pas en geignant de douleur. Puis, quelques instants après, elle reprit le contrôle de soi-même et sourit. Un sourire qui se voulait rassurant mais ne cachant pas la douleur qu'elle venait d'éprouver.

-Désolé... je... euh... je suis un peu fatigué en ce moment. Si tu veux que je t'aide, hésite pas, Lise.

Jiod bondit vers Hell Haine pour l'aider. Il l'attrapa pour la retenir.

-Quesqu'y t'arrives?? TU veux aller a l'infirmerie?

-Non je.. je ... ca ira. Merci Jiod tu es vraiment gentil. C'est juste la fatigue... ou quelque chose comme ça. Vraiment. Ca ne vaut pas la peine d'en parler.

Malgrès un teint très pâle, Hell Haine sourit:

-Ou en es tu de ta Salem miniature? m'as tu représenté? et toi et Jeanne?

Jiod sourrit puis secoua la tete.

-Change pas de sujet! Faut que tu te reposes! Mais c'est quand meme une drole de fatigue moi ca me fait pas ca... Allez vient a l'infirmerie, tu vas voir c'est rien!

-Ralala. Je te dis que je vais bien. Je te rappelle que je m'y connais en médecine. T'inquiète pas pour moi, ca passe rapidement. Regarde, je vais déja mieux.

Le visage d'Hell Haine restait pâle mais elle ne semblait plus souffrir. Son sourire semblait tout de même pas très normale, un peu trop forcée.

- Si tu ne réponds pas à ma question, ca veut dire que tu n'y a pas pensé, hein? a représenter Jeanne?