Vally venait d'arriver au point de rendez-vous alors que le Soleil déclinait. Elle était en retard de plusieurs heures car l'un des deux chevaux s'était blessé en route et elle avait dû le soigner, mais le Renaisseur n'était pas encore là...
La jeune femme monta toutefois sa tente et installa un campement sommaire dans l'espoir un peu supersticieux sans doute, que cela influencerait l'arrivée de son contact. Peut-être fut-ce le cas. Toujours est-il qu'à la tombée de la nuit, elle vit la silhouette d'un homme à pied se dessiner sur les dunes. Vally sourit en voyant le Renaisseur se redresser au fur et à mesure qu'il approchait du feu. Comme lors de leur première rencontre, il faisait de son mieux pour ne pas trop montrer son grand âge et paraître un tant soit peu à son avantage.
C'était étrange de le revoir... Cela lui rappelait des souvenirs d'un temps difficile. Alors qu'elle était perdue dans le désert, loin de tout et désespérée, bien avant de rencontrer Jésus, il avait été la première voix amicale qu'elle avait entendue dans sa radio en ce jour précis, où sa raison chancellait parce qu'elle avait tué un homme pour se défendre et qu'elle ne le supportait pas. Il l'avait rassuré et calmé un peu en lui parlant simplement et en lui expliquant qu'elle n'était en rien coupable. Mais lorsque, quelques heures plus tard il était sur le point de la rejoindre, il l'avait effrayée et horrifiée en lui affirmant que le corps humain mort était parfaitement apte à nourrir un humain vivant... Tellement horrifiée d'ailleurs, qu'elle l'avait fui en courant !
Mais le vieil homme n'était pas idiot... Et la jeune femme était alors bien trop seule pour éteindre sa radio... et c'était encore une fois avec un sourire que Vally se remémora comment il l'avait appitoyé en lui réclamant des soins qu'il prétendait vitaux alors qu'il ne s'agissait que d'une malheureuse plaie sans réelle gravité. Mais elle était revenue le soigner, lui laissant même quelques uns de ses précieux médicaments. Elle s'était appliquée à lui montrer sa désapprobation en ne desserant pas les dents pendant tout le temps où elle lui avait fait le pansement, mais elle était bien consciente qu'il y avait pire âme dans le désert que celle de ce vieil homme et son devoir de médecin la poussait à lui tendre la main.
Il n'avait pas voulu l'accompagner à l'époque, conscient sans doute qu'il la mettait mal à l'aise et elle avait atteint l'Oasis seule. Mais quelques échanges radio firent qu'ils gardèrent le contact malgré tout pour ne pas dire qu'ils devinrent ami.
Beaucoup de temps, un an presque, avait passé depuis lors. Vally avait rejoint Salem en encourageant dés le début le Renaisseur à faire de même. Et Jésus lui même n'avait pas été avare d'efforts pour le convaincre également. Ce ne fut pas bien difficile en réalité mais le vieil homme tenait d'abord à se faire payer l'arme qu'il avait vendu à kiEva Machiaveli.
Apparemment tout ne s'était pas passé exactement comme il l'avait prévu mais le Renaisseur était enfin prêt à rejoindre Salem. C'est les bras grand ouvert et en affichant un visage radieux qu'il fit les derniers mètres qui le séparaient de Vally.
- Bonjour, mon amie, ca me fait diablement plaisir de te revoir !
Mais bien que la jeune femme fut soulagée de le voir arriver, elle l'arrêta en tendant son arc devant elle, comme pour maintenir une distance de sécurité entre elle et lui.
- Je suis heureuse de voir que vous avez pu me rejoindre sans encombre. Mais avant toute chose, je voudrais être sûre que vous avez abandonné vos détestables habitudes alimentaires ! répondit-elle d'un air sévère qu'elle espérait convainquant. Je ne tiens pas à ramener un canibale à Salem !
Son interlocuteur prit une mine un peu honteuse à la grande surprise de la jeune femme qui se souvenait de son assurance passée sur le sujet. Il haussa les bras en lui affirmant que ces pratiques ne lui était plus nécessaires et qu'il n'avait pas l'intention de les perpétuer pour le plaisir. Vally baissa son arc avec un sourire. C'était presque plus qu'elle n'en espérait. Mais de toute façon, elle s'en moquait maintenant. Tout ce qui lui importait, c'était de rentrer enfin à Salem et tout semblait prédire que cela ne tarderait pas.